Lors de ma visite de l’exposition de Tashi Norbu (que vous pouvez visiter ici), j’ai rencontré un artiste tout à fait surprenant: Richard Granado.
Cet artiste sculpte des Bouddhas et des divinités Bouddhistes dans la plus pure tradition Bouddhiste.
Je dois avouer que les photos ne donnent qu’un aperçu de la sculpture. J’ai pu « rencontrer » une Tara réalisée par ses mains et je peux vous assurer que c’est réellement hallucinant de beauté et de délicatesse. C’est tout à fait somptueux. Je suis littéralement tombée amoureuse de ces œuvres.
Les sculptures des divinités semblent presque vivantes… C’est totalement différent de l’art des Tangkas.
Cet art semble d’autant plus précieux lorsque l’on sait que très peu d’artistes en France le pratique.
Alors si vous êtes comme moi et que vous voulez en savoir plus sur cet art encore plus méconnu que l’art des Tangkas (si vous ne savez pas trop ce qu’un un Tangka, c’est par ici), voici son interview:
– Pouvez-vous vous présenter rapidement?
Suite à mon 1er voyage au Népal à l’age de 20 ans, est née une aspiration pour le spirituel. C’est par la suite que je me suis intéressé tout d’abord au Yoga , au Tai-chi , puis au Bouddhisme.
– Comment avez-vous découvert cet art?
J’ai vécu 5 années dans le centre Bouddhiste de Karma Ling et c’est là que j’ai pu rencontrer, en 1985, mes deux premiers maitres sculpteurs de la cour royale du Bouthan, qui étaient invités en France. cet art a été une découverte fascinante , je dessinais en autodidacte, mais je n’avais jamais fait de sculpture.
– Comment avez-vous été formé? Par un Maître? Cela a-t-il été long?
Suite à ma requête, j’ai passé une année auprès d’eux a me former « sur le tas » dans différents centres en France. Après leurs départs, j’ai passé deux années à travailler sur la décoration du stupa de Karma Ling.
Conscient de mes limites j’ai contacté Mathieu Ricard qui vivait au Népal en lui exposant mon souhait de me perfectionner auprès de nouveaux artistes qui séjournaient dans le monastère de Sechen.
J’ai pu séjourner plusieurs mois auprès de mon nouveau maître de qui j’ai reçu la transmission lié a cet art ainsi que de nombreux encouragements par Dilgo Kyentse Rimpoché, SS Drouwang, ainsi que de nombreux maitres et le maitre de Tangkas Géga Lama.
Mon parcours a continué en Belgique avec les élèves , puis dans le sud de la france .
Cela à duré 6 ans, je pourrais dire, de formation à temps complet (10 à 12 h/ jour).
– Quelles sont les qualités nécessaires pour pratiquer cet art?
Pour pratiquer cet art ,il est nécessaire déjà de s’engager et de développer certaines qualités de patience, motivation, visualisation, etc … et savoir que cet art reflète l’enseignement du Bouddha.
– Lorsque l’on peint des Tangkas, il n’est pas obligatoire d’être bouddhiste pour représenter certaines divinités. Est-ce la même chose pour les sculpter?
A l’origine il était indispensable d’être Bouddhiste pour réaliser ces sculptures, d’être en connexion. Aujourd’hui les gens même s’ils ne sont pas Bouddhistes peuvent découvrir sous formes de stages d’initiation la qualité et les bienfaits de cet art .
Pour la statuaire cela demande un engagement plus long, ainsi que certaines qualités requises.
– Pouvez-vous nous expliquer dans les grandes lignes la façon de procéder? Utilisez-vous une « trame » comme pour les Tangkas?
Les sculpteurs utilisent les mêmes trames que pour les Tangkas, plus la 3ème dimension qui est transmise par le maitre.
– Vous réalisez des œuvres uniques, combien de temps vous faut-il en moyenne pour sculpter une divinité?
Pour ce qui est du temps, tout dépend de la taille et de la complexité du Bouddha ou de la divinité, mais il faut compter minimum 80 heures, 100 et plus.
– Les Tangkas sont utilisées à des fins religieuses, lors d’évènements particuliers comme une naissance ou un décès par exemple, ou encore pour se protéger, etc. Les sculptures sacrés ont-elles également ce but la?
La statuaire a les mêmes fonctions que les Tangkas: support de pratique , rituels etc.
– Lorsqu’un client vous fait une commande, savez-vous si c’est uniquement pour la beauté de l’œuvre ou pour un autre usage?
La plupart des clients qui commandent sont inspirés par la beauté, la finesse de cet art ainsi que pour son aspect unique et vivant véhiculé par la tradition.
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– Vous proposez des stages mais j’imagine que ce n’est pas suffisant pour apprendre tout sur cet art. Alors envisagez-vous de transmettre votre savoir (comme un apprentissage par exemple)?
De nombreux projets d’école d’art n’ont pu voir le jour car cet une structure difficile a mettre en place. Néanmoins, j’ai pu former durant 4 ans des élèves en Allemagne et aussi 3 ans en Catalogne.
– Organisez-vous ou participez-vous à des expositions?
Je participerai au Musée Paul Dupuy, à Toulouse, à l’exposition « art sacré »qui se tiendra du 12 déc (inauguration) à fin mai 2017 et le 13 décembre.
Je n’expose pas à proprement dit , mais durant les 6 mois de l’expo , je réaliserai une semaine par mois un Bouddha de 80 cm env , ainsi que des stages. Un par mois le week-end.
Sinon, j’expose de temps à autre sur les thème du Tibet , des droits de l’homme , pour la paix etc …Ou pour faire connaître cet art et l’artiste.
– Avez-vous envie de partager quelque chose de plus avec nous?
L’art sacré Bouddhiste en général, est un support qui libère par la vue. Il est une aide pour le pratiquant et participe à la paix de l’esprit , sa mise en œuvre essentielle étant basé sur ce que l’on appelle la Bodhicitta ( l’esprit altruiste).
Merci beaucoup Richard pour cette interview.
Si vous souhaitez en connaître un peu plus sur Richard Granado, vous pouvez visiter son site ici: richardgranado.com et sa page facebook par là: richardgranadosculpteur (allez vraiment y faire un tour, il y a de splendides photos).